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La confiance en soi des enfants

La confiance en soi… Voilà une expression que nous utilisons souvent pour nos enfants.

« Il n’ose pas, il a le trac » « A l’école, il ne répond pas alors qu’il sait la réponse ». 

Régulièrement, nous concluons par « il n’a pas confiance en lui ». Ou, si ce n’est pas nous, notre famille ou nos amis se chargent de compléter « Elle est timide, elle n’a pas assez confiance en elle, pourtant elle est douée ».

Mais alors, comment se construit cette si précieuse confiance en soi qui allègerait nos enfants de stress inutile et douloureux, de cette peur du regard de l’autre ?

Se plonger dans ce processus de construction assez tôt vous permettra de franchir chacun des étapes au bon moment avec des jeunes enfants, ou de repérer quelle étape aide à renforcer la confiance de vos ados, si ils sont en difficulté.

La confiance en soi, c’est la perception que nous avons de notre propre valeur et de nos propres compétences. C’est un jugement sur soi, une auto-appréciation sur qui nous sommes et ce dont nous sommes capables.

Pour les adultes et les adolescents, nous voyons se développer de nombreux ateliers, tels que « affirmation de soi ». Ils permettent de cheminer pour améliorer le jugement que nous avons sur nous-même. De nombreux articles nous invitent ainsi à ignorer les avis des autres et à se moquer des remarques négligentes qui blessent et abiment. Ces approches actionnent des ressources.

Nous allons donc regarder de plus près les étapes à franchir, en comparant la construction de cette confiance en soi comme celle d’une maison à plusieurs étages.

Chaque étage correspond à une étape de la confiance en soi.

Celles-ci se déroulent de façon chronologique et physiologique à partir de la naissance, et visent l’autonomie de l’enfant. Une fois qu’il aura assez confiance en lui, qu’il aura bien construit tous les étages de sa maison, il pourra faire tout seul.

Chaque étape se construit grâce à un grand nombre d’expériences vécues avec son entourage. Une fois que le nombre de situations vécues est suffisant, nous passons automatiquement à l’étape suivante. Ce point est primordial, car si nous voyons que nos enfants n’atteignent pas l’étape suivante, il n’est pas utile de les « pousser » à faire tout seul ou à oser, mais plutôt de regarder comment renforcer les étapes précédentes.

1- Première étape

La première étape démarre à la naissance. Le bébé est totalement dépendant de l’adulte. Il dépend de l’autre pour assurer sa survie, c’est l’étape de la confiance en l’autre.

Si les adultes autour de lui sont suffisamment disponibles, il va faire l’expérience que « quoi qu’il m’arrive, l’autre sera là pour me protéger ». S’il fait suffisamment de fois l’expérience qu’il peut avoir faim, avoir mal, avoir peur, être en colère et que l’adulte est présent pour l’aider et l’apaiser, il va pouvoir intégrer qu’il peut faire confiance à l’autre.

Cette première étape où l’enfant a besoin que ce soit l’autre qui fasse à sa place est indispensable et souvent écourtée par nos envies de le rendre autonome et grand très vite.

Cette étape lui permet pourtant de construire une base de sécurité stable, « si ça ne va pas, il y aura quelqu’un pour me rassurer », sur laquelle s’appuyer pour partir découvrir le monde.

2- Deuxième étape

La deuxième étape démarre donc spontanément dès que nous avons assez montré à l’enfant que nous étions là quoi qu’il arrive. Elle va amener l’enfant à explorer le monde, à essayer de nouvelles choses, et il aura besoin à ce moment-là que l’autre ait confiance en lui.

Il va ressentir cette confiance que l’adulte a en lui dans plusieurs petites situations. Chaque fois qu’il va essayer de grimper sur un meuble et que nous le laissons faire, en lui disant « vas-y tu peux y arriver, et si tu tombes j’ai ma main en dessous », chaque fois qu’il nous dit qu’il n’a plus faim et que nous le croyons, chaque fois qu’il nous dit qu’il s’est lavé les dents et que nous le croyons…

Nous lui faisons faire l’expérience que nous avons confiance en lui. Il intègre ainsi petit à petit qu’il a de la valeur pour nous et que nous l’estimons capable et compétent.

Cette étape est souvent difficile pour nous, adulte, car nous devons apprendre à ralentir… Il est en effet beaucoup plus rapide de faire soi-même que d’apprendre à faire et de laisser l’enfant prendre son temps pour enfiler un t-shirt, éplucher une pomme, faire des lacets….

Durant cette deuxième étape, nous avons besoin d’avoir confiance et d’avoir la patience de lui montrer comment faire. C’est une étape où nous devons faire juste ce qu’il n’arrive pas à faire, et surtout pas davantage.

Par exemple, pour les plus petits, décrocher le coin de l’opercule du yaourt mais les laisser l’ouvrir ; ou, pour les plus grands au collège, les laisser remplir leur nom, prénom et adresse sur les documents.

L’objectif, c’est que l’enfant puisse se dire inconsciemment « L’adulte me croit capable » et non pas « il sait mieux faire que moi ». C’est l’étape où nous devons lui apprendre à faire seul en étant juste là pour le regarder faire avec confiance, qu’il va y arriver. Nous n’avons rien besoin de faire d’autre, juste d’être là, même si c’est parfois long de rester sur le bord du stade pendant tout un entrainement de foot.

3- Troisième étape

La troisième étape arrive naturellement lorsque nous avons suffisamment été à côté de lui pendant qu’il faisait tout seul. C’est l’étape où l’enfant plus grand va avoir envie de faire vraiment tout seul, sans que nous le surveillions ou même sans nous en parler.

Lorsque nos enfants en arrivent là, c’est bon signe ! Nous avons rempli avec succès les étapes précédentes. Il a confiance en lui.

C’est ainsi que parfois, elle commence à se maquiller en cachette et à se regarder dans la glace, ou bien qu’il prépare un gâteau surprise « immangeable », ou encore que plus grand ils vont poser leurs questions à l’infirmière scolaire au lieu de nous en parler.

A ce moment-là, le plus difficile est de gérer son propre stress et de garder le cap juste pour ce qui est vraiment dangereux. L’enfant a besoin que nous soyons heureux de le voir grandir et que nous l’encouragions dans ces explorations solitaires.

Il va vouloir aller chercher le pain tout seul à la boulangerie, puis élargir son autonomie au fur et à mesure qu’il aura testé sa capacité à gérer des situations nouvelles avec succès, ou pas. En effet, nous apprenons à connaitre nos compétences en expérimentant ce que nous pouvons faire et ce que nous n’arrivons pas à faire. C’est à cet âge que les exercices d’auto- renforcement « je suis quelqu’un de bien » sont efficaces.

 

Ces trois étapes successives se franchissent chacun(e) à son rythme. Il est toujours possible de renforcer les étapes un peu fragiles en étant vigilant. Parfois, même pour des grands enfants, il faudra revenir à la période de confiance en l’autre, ou revenir à la période où l’autre a confiance en lui.